Ciku KIMERIA alias Ciku Cheru est l’une des plus grandes voyageuses qu’il m’ait été donné de croiser. Une femme douce, intelligente, humble, avec un cœur en or. Curieuse des gens et des civilisations diverses, elle a déjà visité 50 pays, à la découverte d’elle-même et de l’autre. Sac à dos ou grosse valise, l’écrivaine (son 1er roman s’appelle « Of goats and poisoned oranges » et elle possède un blog :www.thekenyanexplorer.com) a accepté de répondre à quelques-unes de mes questions pour partager avec nous ses riches expériences ! Rencontre à vous couper le souffle…
Selomcrys : Parle-nous de ton blog www.thekenyanexplorer.com ?
Ciku KIMERIA : J’écris juste pour raconter mes histoires avec le monde. J’adore écrire donc pour moi c’est vital et si un jour quelqu’un me l’interdisait, cela serait terrible. C’est comme ça que je m’exprime je veux en savoir plus sur mon continent, je suis curieuse de tout et j’aime partager avec les autres comment est la ville de Nairobi, par exemple. Je parle en tant que femme noire, africaine, kenyane, j’adore raconter des histoires.
Selomcrys : Quand ton désir de voyage est-il né ?
Ciku KIMERIA : Mes désirs de départ ont commencé quand j’étais plus jeune. Mon oncle travaillait comme capitaine dans la Navy, au Kenya. Il avait donc toujours des histoires incroyables sur différents endroits à me raconter et j’adorais cela. Il m’a montré qu’il y avait un autre monde à découvrir. De plus, au collège, j’ai passé un concours d’histoire et j’ai été choisie avec plusieurs autres camarades, pour un voyage afin de nous rendre en Allemagne. Nous avons été invités pour un mois et avons rencontré beaucoup de monde et cela m’a encore plus donné envie de voyager et de rencontrer des personnes d’univers différents.
Selomcrys : Quel est le meilleur pays que tu as visité et pourquoi ?
Ciku KIMERIA : Il y en a beaucoup ! J’aime beaucoup le Sénégal où je vis pour ces plages magnifiques, c’est le pays de la teranga (accueil) donc les gens y sont gentils et serviables. J’aime aussi la vie artistique qui s’y déroule, cela bouge énormément à ce niveau-là. J’adore aussi la Côte d’Ivoire, c’est un pays vivant, où ça bouge tout le temps. J’y ai vécu durant deux mois pour apprendre le français et je me suis également bien amusée. Un autre de mes coups de cœur, c’est Baya, au Brésil, le quartier noir du pays. Même si cela ne transparait pas dans les films et autre, c’est l’un des plus grands pays de noirs au monde avec le Nigéria ! J’ai aimé y retrouver la culture africaine et là-bas, lorsque tu dis que tu viens d’Afrique, tout le monde t’apprécie et te pose des questions sur le continent. Ils sont curieux de s’en rapprocher et d’en savoir davantage. Enfin, j’ai beaucoup aimé la Bolivie, c’est un pays magnifique avec de superbes montagnes, des forêts, des lacs. Je n’y ai passé que trois jours pour aller en Chine mais je suis passée par le désert de Siloli et ce que j’y ai vu m’a éblouie.
Selomcrys : Peux-tu partager avec nous quelques anecdotes sur tes voyages ?
Ciku KIMERIA: J’ai tellement d’anecdotes que je ne saurai où commencer… Les Comores par exemple est un pays d’Afrique vraiment pauvre mais extrêmement joli, je me suis demandée pourquoi le pays n’est pas plus connu au niveau touristique. Je me rappelle de la bonne odeur des forets de ylang ylang, dont l’huile essentielle est beaucoup utilisée pour les parfums à travers le monde. A Abidjan j’ai beaucoup aimé les repas là-bas, je mangeais dans des maquis où il y a toujours une bonne ambiance, même en pleine semaine, c’est très vivant ! A Lomé aussi les gens sont très accueillants et j’y ai très bien mangé. Les plats des togolaises sont succulents ! J’ai visité aussi le Somaliland qui est un pays peu reconnu, c’est tranquille, calme, à l’époque où j’y suis allée car il n’y avait pas encore de guerre sur place. Les femmes y vendent de l’or au bord des routes et j’y ai rencontré beaucoup de poètes et d’écrivains très gentils et accueillants
Lire aussi Assa Traoré parle à son frère défunt
Selomcrys : En général, qu’emmènes-tu avec toi lorsque tu voyages ?
Ciku KIMERIA : En dehors des vêtements, de mes tubes de rouges à lèvres et des bijoux africains, car j’aime être jolie, j’amène toujours un livre avec moi, dans mon sac à dos, un stylo et mon carnet d’écriture. Je prends aussi ma tablette avec plusieurs autres livres à l’intérieur.
Selomcrys : Quel sera le prochain pays que tu comptes découvrir ?
Ciku KIMERIA : Prochainement, j’aimerais découvrir le Cap-Vert au mois de mars puis la Guinée-Bissau. Il s’y déroule le même carnaval qu’au Brésil et cela se passe dans la ville de Césaria Evora qui est une artiste que j’aime beaucoup et qui m’inspire ! Avant son décès, j’aurai aimé la voir en concert. J’ai hâte d’y être. J’ai déjà visité 50 pays dont 18 en Afrique. Le Cap-Vert sera mon 19e pays africain !
Selomcrys : toi qui a beaucoup voyagé, que peux-tu nous dire des femmes africaines ?
Ciku KIMERIA : Les femmes africaines sont différentes d’un pays à un autre et d’une région à une autre. Mais partout en Afrique j’ai vu des femmes fortes, qui travaillent beaucoup, parfois bien plus que des hommes. Sans les femmes, l’Afrique ne pourra pas bouger. Elles ont le pouvoir partout, dans certains pays où le patriarcat est très dur, elles sont sous la houlette des hommes car elles n’ont pas le choix, elles le font pour survivre. On croirait alors qu’elles n’ont pas d’opinion ni de revendication mais si tu creuses un peu tu te rends compte qu’elles ont des idées etc. Elles ont des vies difficiles mais elles gardent l’espoir. Hors d’Afrique comme sur le continent, j’ai quand même constaté que la vie reste difficile pour les femmes. Ce que j’apprécie chez elles, c’est qu’il y a toujours des choses intéressantes qui se passent avec les femmes sur le continent, elles sont très fières de se dire féministes. Cela change car avant cela dépeignait des femmes qui détestaient les hommes, ne voulaient pas se marier etc. Maintenant, elles expliquent qu’elles aiment les hommes, mais veulent juste un mieux-être pour les femmes, c’est qui est totalement légitime.