Yoyo Tinz est né de l’imagination de son fondateur, Sélorm Jay, qui réalise, il y a quelques années que la culture Hip-Hop (HH) n’est pas représentée en Afrique de l’Ouest, malgré le grand nombre d’artistes qui s’en réclament. De là, le jeune photographe et réalisateur autodidacte crée sa start-up en 2013, au Ghana et s’entoure des bonnes personnes. Leur objectif : documenter, promouvoir et archiver toutes les informations de la scène culturelle HH au Ghana, en particulier, et en Afrique, en général, via des événements, les réseaux sociaux, des articles comme des documentaires. En novembre 2018, ils comptent organiser leur tout 1er festival, à Accra, si la levée de fonds qu’ils ont lancé pour l’organiser est un succès… Zoom sur l’aventure Yoyo Tinz.
Que signifie YOYO TINZ ?
Yoyo Tinz littéralement ça veut dire les choses du hip hop en pidgin ghanéen. Yo yo fait référence à l’interjection «yo!» utilisée par les rappeurs et par extension désigne la culture hip hop. Quant à tinz c’est la déformation de things (choses).
Votre collectif existe depuis 2013. Racontez-nous comment est née cette aventure ?
Yoyo Tinz, c’est avant tout l’histoire de belles rencontres. On est vraiment chanceux d’avoir pu constituer une équipe de personnes jeunes et dynamiques, formé autour d’amis et de connaissances de tout horizon. Sélorm a le don pour attirer les bonnes personnes et créer des relations durables. C’est ce qu’il fait depuis 2013, peu à peu. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, nous ne nous faisons pas d’argent avec Yoyo Tinz pour le moment, nous travaillons tous bénévolement. Beaucoup de personnes pensent que nous faisons du profit mais ce n’est pas le cas! Pour nous, c’est donc chaque jour un défi mais aussi une joie d’arriver à soulever autant de montagnes avec si peu de moyens!
Pourquoi avoir fait le choix de parler de la culture Hip-Hop du point de vue de l’Afrique et de sa diaspora ?
Malgré l’intérêt grandissant des médias pour les cultures urbaines africaines, il existe peu de documentation en la matière. Et nous trouvons qu’il est toujours mieux de parler de son histoire et de son quotidien soi-même. Nous sommes basés en Afrique, c’est notre environnement quotidien et ce que nous connaissons, vivons, respirons et comprenons le mieux Il était donc totalement logique pour nous de parler des choses d’ici. De plus, notre public cible c’est la jeunesse africaine. Nous souhaitons leur dire, soyez fiers de ce que nous faisons, de nos cultures, de notre créativité, parce que ce qu’il y a de plus important c’est d’être soi.
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YOYO TINZ fait vraiment la part belle à toutes les formes artistiques liées au Hip-Hop, comment faites-vous le choix de vos thématiques ?
Nous avons des règles assez strictes, nous ne faisons pas la promotion de contenus misogyne, racistes ou vulgaire. De plus, nous avons une équipe entièrement composée de bénévoles qui ont d’autres obligations, ce qui limite aussi nos capacités à produire beaucoup d’articles. Mais au-delà de cela, nous sommes une équipe de jeunes passionnés du Hip-Hop, donc dès que nous en avons l’occasion pour travaillons à son rayonnement.
Vous souhaitez organiser le tout premier festival Yoyo Tinz en novembre 2018, qu’est-ce qu’il y aura à cet évènement ?
Pendant deux jours, nous allons vous inviter à une véritable fête autour du Hip-Hop. Pour cela, nous proposerons une totale immersion dans la culture hip hop. Il y aura donc du rap, du beatboxing, des DJS, de la dance, du graffiti, mais également des conférences sur des thématiques liées au Hip-Hop, diffusions de films, une exposition et des activités pour enfants.
Pour vous aider à le financer, vous avez lancé un crowdfunding…
Oui nous avons lancé une campagne de financement participatif pour recueillir des fonds. Nous organisons également des événements à Accra, au Ghana. C’est un travail de longue haleine mais nous sommes confiants quant à la finalité de ces efforts, à savoir l’organisation du festival. Actuellement, nous avons besoin d’aide pour faire passer l’information à un maximum de personnes. Nous invitons tous les amoureux de la culture hip hop de partager nos publications et à faire des donations, même minimes, s’ils le peuvent. Mais également nous serions ravis d’entrer en contacts avec des sponsors potentiels. Nous travaillons en ce sens.
Depuis 2014, votre structure a acquis une réputation importante dans la sous-région en matière de hip-hop, grâce à votre stand au festival d’arts de rue Chale Wote et en soutien à d’autres évènements au Ghana. Que tirez-vous aujourd’hui de cette expérience ?
Avec cette expérience, il est indéniable qu’il y a un très fort intérêt pour la culture hip hop en Afrique de l’ouest, nous l’avons constaté. En réalité, il y a un fossé énorme entre ce qui passe à la radio et à la TV et ce qui se passe vraiment sur la scène culturelle. Cela confirme à quel point notre plateforme est importante pour apporter de la visibilité à tous ces artistes qui travaillent dans l’ombre. Et puis, il apparaît clairement que le grand public connaît peu les différents éléments de la culture hip hop, nous avons un travail d’éducation à faire.
Votre start’up vise également à archiver un certain nombre de documents liés au Hip-Hop. Comment procédez-vous et de quel genre d’archivage s’agit-il ?
Nous n’avons pas de vraie connaissance dans ce domaine, pour l’instant il s’agit d’obtenir tous les albums des artistes hip hop ghanéens, les couvertures d’albums, posters, etc. Nous avons également énormément de photos et de vidéos des divers événements en rapport avec la culture. A terme, notre rêve serait d’avoir un musée de la culture hip hop d’Afrique subsaharienne.
Vous existez depuis 5 ans maintenant, bon anniversaire. Si vous aviez un bilan à tirer des nombreuses années passées à la tête de ce mouvement, lequel serait-il ?
Dans l’équipe, nous sommes assez perfectionnistes donc nous avons tendance à voir le verre à moitié vide, plutôt qu’à moitié plein. Mais il faut avouer que nous avons eu la chance de créer des liens avec des artistes influents au Ghana mais également au Togo, au Bénin, au Nigéria. Nous avons également remporté le prix des start ups en 2016 dans le cadre du FEMUA, à Abidjan. Il s’agissait du concours « pitch me » entre 5 starts up africaines, qui mêlent technologie et musique. Nous avons remporté le prix d’un mois de résidence à Paris, à Creatis, un incubateur culturel. Ce prix nous a permis de rencontrer de nombreux acteurs de la scène culturelle, d’autres start-up et se pencher sur la difficile tâche de créer un business plan. Ce sont autant de choses qui montrent que de nombreuses personnes croient en notre travail !