Sonya TOMEGAH est une femme aux multiples talents. Co-directrice d’une école renommée au Togo, la jeune femme est également architecte et créatrice d’une marque d’accessoires nommée Nyah’s Touch. A 31 ans, la jeune togolaise ne compte pas ses heures mais elle aime sa vie comme cela. Jonglant entre le domaine de l’architecture et l’éducation, Sonya TOMEGAH donne aussi des cours d’arts plastiques à LA MADONE, l’école qui l’a vu naitre et grandir. Après des études de Design d’espace en France, elle rentre à Lomé et s’inscrit en école d’architecture. Elle a toujours été une créative ! Aujourd’hui, elle poursuit toujours l’un de ses rêves, créer son propre cabinet où travailler de concert avec plusieurs autres talents de son domaine. Pour Asrafozine, elle a accepté de se poser quelques minutes autour d’une bonne coupe de glace, pour nous accorder cette belle interview. Rencontre.
ASRAFOZINE : Vous êtes une femme super-active, à quoi consacrez-vous votre temps ?
Sonya TOMEGAH : Je suis diplômée de l’école de l’EAMAU de Lomé, et personnellement, je me suis formée durant 8 ans dans ce domaine. J’aime ce métier. Pour l’instant, je n’y consacre encore que 30% de mon temps, tandis que 70% de mon temps est consacré à LA MADONE, une école créée par ma mère il y a plus de trente ans. Ce que nous avons appris à l’EAMAU est essentiellement théorique, le terrain est plus complexe. Du coup, je construis encore mon expérience aujourd’hui. Je suis en pleine évolution ! Je me rappelle qu’en sortant de l’école, j’avais l’impression de ne rien savoir sur comment gérer des ouvriers, coordonner un budget, gérer un chantier etc.
ASRAFOZINE : Quelles ont été vos premières difficultés après votre diplôme ?
Sonya TOMEGAH : La difficulté majeure réside dans le fait que j’ai voulu me lancer à mon propre compte dès la sortie de l’école. Je n’ai pas voulu rester en cabinet mais plutôt travailler en free-lance avec des architectes déjà inscrits à l’ONAT (Ordre National des Architectes du Togo). Je n’étais donc pas totalement indépendante, car n’ayant pas prêté serment à l’Ordre. En effet pour pouvoir prêter serment, il faut pouvoir justifier d’une expérience professionnelle. Cela n’a pas été la voie la plus facile mais elle m’a permis de travailler sur des projets qui me tenaient vraiment à cœur, et que je trouvais grâce au bouche à oreille…le travail en cabinet peut parfois être moins passionnant. L’autre chose que j’ai constaté c’est la misogynie dans ce domaine, mais je n’aime pas le voir comme une difficulté. Le fait de coordonner des ouvriers hommes sur un chantier en tant que femme peut parfois être compliqué car ils ne suivent pas tes directives et ils n’aiment pas recevoir des ordres d’une femme (sourire). Je suis une acharnée qui ne me laisse pas abattre donc, quand le cas m’arrive, j’en discute avec eux. Et qu’ils le veuillent ou non, c’est moi qui dirige les opérations au final. Mon autre grosse difficulté majeure c’est la gestion des plannings, vu que je travaille dans le domaine de l’éducation également. J’apprends donc à déléguer même si j’aime faire les choses par moi-même car j’ai le souci des choses bien abouties.
ASRAFOZINE : Vous travaillez à plein temps à LA MADONE, école réputée de Lomé créée par feu votre mère ?
Sonya TOMEGAH : Ma vie est liée à cet établissement ! L’école a été créée un an avant ma naissance et je suis née un jour de rentrée. Pour la petite anecdote, ma mère devait faire la rentrée un 7 septembre 1987 mais dès l’aurore j’ai commencé à donner des coups de pieds et elle a dû laisser ses collègues et élèves pour aller à l’hôpital accoucher. Pour cette raison, enfant, mes tontons et tatas m’appelaient « miss rentrée ». A LA MADONE, j’y ai fait tout mon primaire mais pas le collège car il n’y en avait pas à l’époque… C’est ma 2e maison, j’y allais très souvent durant les congés pour donner des coups de main et aussi de retour de mes études en France, pour aider maman. Aujourd’hui, c’est pour moi tout naturel que ma vie professionnelle soit liée à cette école. J’envisage de mieux me former dans les sciences de l’éducation pour voir vers quel métier cela pourrait me conduire, car j’ai davantage été formée sur le tard.
ASRAFOZINE : Vous êtes professeur d’arts plastiques depuis trois ans dans votre établissement. Qu’apprenez-vous à vos élèves ?
Sonya TOMEGAH : J‘essaye de montrer aux enfants que l’univers de l’art est très vaste et de démystifier l’art. Dans de nombreux établissements, on ne se cantonne qu’au dessin et je trouve cela bien dommage. Nous allons voir des expositions d’artistes togolais, nous organisons des échanges avec des artistes en classe, tel que Cham, Givans Missowou etc… ; en les voyant ils comprennent qu’un artiste fait beaucoup de choses en même temps par exemple et qu’il peut chanter tout en peignant ou en écrivant ! Avec les enfants, il faut savoir parler de manière simple, il faut leur faire pratiquer, là, ils comprennent qu’être artiste ce n’est pas aussi facile mais que cela demande beaucoup de travail. L’une des premières choses que nous faisons c’est de définir les arts plastiques, définir ses objectifs etc afin de mieux s’approprier les messages des artistes par la suite Dans dix ans, en croisant mes anciens élèves, je verrai si j’ai réussi ma mission…
ASRAFOZINE : Comment est née l’aventure de ta marque NYAH’S TOUCH ?
Sonya TOMEGAH : De retour à Lomé, je devais me rendre à un mariage et cherchais un petit accessoire en Wax pour aller avec ma tenue. A l’époque, ça n’existait pas ou très peu. Je l’ai donc créé moi-même et cela a beaucoup plu dans mon entourage ! De là, on m’en a commandé un puis deux, et le bouche à oreille m’a envoyé de nombreuses commandes. J’étais parmi les avant-gardistes à le faire à Lomé sans aucune formation. Je faisais tout moi-même à la maison, à l’aide de tutoriels sur le net, je fixais tout à la colle, pochette sans couture à l’époque. Depuis, je suis passée à la couture avec des artisans locaux qui me soutiennent. Je dessinais les modèles et ils confectionnaient. Puis, une grosse commande de 300 porte-documents est arrivée un jour. Comme j’aime les challenges, j’ai accepté (en flippant un peu tout de même), la marque est née ainsi. Je me rappelle que c’était ma dernière année à l’EAMAU et je flippais de ne pas réussir à tout mener de front… J’y suis parvenue malgré tout le stress que j’ai dû gérer.
Lire la suite dans le magazine en ligne ASRAFO’ZINE:
https://www.mediafire.com/