L’artiste Lena, à la ville elle se prénomme Elena et elle vient du pays des Tsars. Elle a quitté sa Russie natale depuis 27 ans pour s’installer et vivre au Togo. Sa peinture est en elle, comme une douce compagne. Car depuis son enfance, elle a grandi au milieu des toiles de son père. Au départ, la dame mature – elle est grand-mère et fière de l’être – peignait des paysages de l’art contemporain classique. Aujourd’hui, inspirée par la belle Afrique, cette passionnée des chevaux vient de présenter une nouvelle collection dans un style plus abstrait, haute en couleurs nommée justement la « Danse des couleurs », à Lomé, à l’hôtel ONOMO, issue d’un beau mariage entre sa culture russe et son amour pour la culture africaine. Zoom.
Depuis quand peignez-vous?
Cette histoire de peinture est quelque chose d’héréditaire chez moi, car mon papa peignait c’était sa passion et son temps libre il le consacrait à sa peinture. Il n’était pas connu mais il le faisait pour lui, avant tout. Dans mon enfance, j’ai grandi parmi la peinture et les arts en général, et puis après papa partageait beaucoup avec moi ses rêves et sa passion… et voilà ce que je suis devenue aujourd’hui.
Qu’est-ce qui vous plaît tout particulièrement dans cet art-là ?
Ce qui me marque toujours dans l’art c’est l’épanouissement personnel ça me donne la joie et je peux réaliser et matérialiser ce qui est dans ma tête grâce à cela. Je suis passionnée par l’art africain donc j’essaie de montrer mon point de vue et ce qui me parle : les visages, les hommes, les masques c’est quelque chose qui me passionne énormément. Comme par exemple les éléments de la culture Gèlèdé au Bénin.
Vous vivez en Afrique, plus précisément au Togo depuis de nombreuses années. En quoi ce choix de vie influence-t-il vos œuvres ?
Le Togo m’influence énormément avec la richesse de ses masques, de css sculptures etc. Et puis, j’ai eu un coup de cœur pour le royaume Ashanti également, qui m’impressionne beaucoup. Je mets aussi cela sur mes toiles, les poupées ashanti et les masques des différentes localités. Je ne peins plus de paysages car chaque chose à son temps, cette étape de ma carrière artistique est passée, c’est une évolution personnelle j’exprime maintenant mon vécu, mon métissage, mon quotidien.
Vous êtes née et vous avez grandi en Russie. Cette influence européenne impacte-elle aussi vos œuvres ?
Les techniques que j’utilise ici sont un peu différentes de ce qui se fait ici au Togo, comme l’usage du pagne. C’est mon savoir –faire, mon don, ma culture que je mets en avant. Et j’ai forcément un autre regard du monde africain puisque je viens de la lointaine Russie. J’ai un style moderne que les nouvelles générations veulent voir et avoir dans leurs salons, les couleurs, les formes arrondies. La peinture amène à un certain épanouissement personnel je recherche cela aussi à travers l’art.
Quel retour avez-vous reçu des visiteurs de votre exposition « Danse des Couleurs » après plus d’un mois d’accrochage à l’hôtel Onomo ?
Je suis très heureuse car cela a commencé par la visite de trois jeunes filles qui font des études en design qui sont venus découvrir l’exposition avant le début du vernissage, sans forcément avoir beaucoup de moyens pour acheter une toile. Elles sont venues découvrir mes œuvres, elles sont pour tout le monde donc j’en suis fière ! En plus, elles ont dit que c’était moderne et novateur, c’est tout ce que je recherche donc, ça m’a donné une énorme joie.
Vos tableaux sont généralement assez joyeux, colorés, voire « naïfs », expliquez-nous ce parti pris artistique?
En fait l’art naïf c’est très simple et très complexe à la fois. C’est l’art des enfants, et les enfants dessinent avec le cœur ce qu’ils voient et dessinent, donc j’essaye de faire quelques tableaux naïfs, parce que même les enfants comprennent mon art qui est accessible à tous, et apportent de la sérénité, c’est ce que je recherche à transmettre.
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Pourquoi utiliser du pagne et comment faites-vous le choix des pagnes que vous associez dans vos œuvres ?
Le pagne c’est une inspiration personnelle. J’ai beaucoup pensé à cette nouvelle collection et comment la réaliser. Je regarde les dessins, les courbes, les pagnes sont géniaux, le volume, les dimensions… le pagne raconte tellement de choses. Certains d’entre eux sont vivants et chargés d’histoire, lorsqu’on se réfère à celles des célèbres Nana Benz par exemple. Cela m’a intéressée de les associer avec les pigments, avec la sculpture au couteau et mes préparations, mon mastic, ma peinture acrylique et cela donne un effet varié et étonnant. C’est compliqué à expliquer (rire), je prends une toile vierge avec parfois un croquis de mon idée première et ensuite je laisse l’inspiration me guider pour donner la suite. C’est comme en cuisine, je tourne le tissu, je regarde, je sors, je mélange, c’est comme ça que mes toiles naissent.
Pour vous, quelle est la prochaine étape de votre carrière? A quoi rêvez-vous?
Pour moi, tout d’abord, il y a quelques tableaux à finir et qui manquent encore pour compléter cette collection, selon la manière dont j’ai imaginé le tout. Donc, une fois finis, je pense qu’il serait intéressant de faire une nouvelle exposition « Danse des Couleurs 2 ». Ensuite, j’ai d’autres projets pour Lomé, et pourquoi pas pour Paris également mais j’avance étape par étape. Avant tout, j’aimerais que de nombreux togolais viennent et découvrent mes œuvres.