Une dot désigne dans le langage courant l’apport de biens et argent par une des familles, (ou par le fiancé, plus généralement en Afrique), au patrimoine de l’autre, ou/et du nouveau ménage. Elle accompagne le mariage traditionnel dans de nombreuses cultures. Il peut s’agir de biens dont le mari est doté par sa famille, par son travail, mais aussi d’un don entre époux.
La dot, un élément déterminant dans le mariage traditionnel en Afrique, est une vieille tradition africaine, qui est toujours pratiquée comme c’était le cas il y a de cela des siècles… La dot revet une importance considérable dans le mariage traditionnel en Afrique car elle est synonyme de l’union de deux familles, deux clans, et pas uniquement de deux personnes.
Yayra raconte : « Pour mon mari, c’était important de donner la dot, donc faire les choses dans les règles. Nous étions en 2016 lorsque Komlan H. m’a demandé d’être en couple avec lui. Nous parlions énormément et je crois que c’est une des recettes de notre union. J’avais déjà mon fils, né d’une première relation. Cela ne fut pas un problème pour lui. A l’époque, nous ne vivions pas sur le même continent, il était aux Etats-Unis, tandis que je vivais au Togo.
Lorsque nous avons entamé notre projet de mariage, j’ai visité sa famille à Lomé et il a aussi visité la mienne à Lomé. J’étais un peu nerveuse, comme une jeune femme qui s’apprête à donner à sa vie une nouvelle direction, mais cela s’est bien déroulé. Le but était que nous apprenions à mieux nous connaître. En Afrique, on n’épouse pas seulement un homme, mais toute une famille !
Au début, mon conjoint voulait que j’aille vivre avec lui en Amérique, quelques temps, pour voir si notre relation fonctionnerait. Il craignait peut-être de s’engager et de tomber sur une femme vénale, mais je lui ai fait comprendre que pour moi il n’était pas admissible que je vive avec lui en tant que concubine, dans un statut flou et peu recommandé chez nous en Afrique. Je lui ai aussi fait comprendre que le voyage, les papiers, l’Occident et l’argent n’était pas mes sources de motivation pour m’unir à lui. C’est lui que je voulais en tant qu’homme car sa personnalité, ses qualités et son caractère m’avaient séduite.
C’est à ce moment-là que nous avons décidé de faire le mariage traditionnel avant mon arrivée aux Etats-Unis. Mon homme rentrait souvent au pays dès qu’il le pouvait pour préparer la cérémonie en amont. Il y avait tant de choses à prévoir : la liste des parents à inviter, le lieu où se réunir, le repas à prévoir, les cadeaux à acheter etc. A l’entame du jour J, sa famille s’est chargée de tout car il n’était pas présent. Il a envoyé l’argent pour tout organiser. Plus tard, il est arrivé pour participer à l’organisation et ajouter sa touche personnelle mais il n’avait que deux semaines de congés. Il a donc très vite dû repartir.
Quand il est reparti, je ne voyais pas l’importance de sa présence et je comprenais que son travail l’obligeait à rentrer très vite aux Etats-Unis. Je me disais que ce n’était pas si important qu’il soit là ; mais le jour J, j’ai finalement amèrement regretté son absence. Mon vieil oncle paternel était mécontent et a dit qu’il aurait fallu qu’il soit là. Lors de cette cérémonie qui marie les deux familles, beaucoup de conseils sont donnés aux jeunes couples, j’aurais souhaité qu’il les écoute avec moi.
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Néanmoins, ce fut une très belle cérémonie. Nous l’avons tenue très tôt, un jeudi matin, chez ma tante paternelle, dans le quartier de Bè, à Lomé. Ce jour-là, je me rappelle que le temps était clément, il faisait frais, car il avait plu la veille. Au portail, les bougainvilliers blancs et grimpants nous offraient leur parfum discret. J’étais vêtue d’une robe verte en pagne et entourée des miens : mes deux cousines, de mes oncles et tantes et d’une amie. De son côté, une forte délégation nous faisait face : sa maman, sa sœur, une tante, ses demi-frères etc.
Nous nous sommes mariés quelques mois après à l’église et à la mairie à Lomé. J’avais porté un joli chapeau et tailleur blanc pour l’hôtel de ville – particulièrement bondé ce jour-là – et une robe d’un blanc cassé impeccable, pour l’église. Ce fut un jour heureux et magnifique, avec beaucoup de rires et de joie dans nos cœurs. Un jour que je n’oublierai pas de sitôt. Puis j’ai vécu avec ma belle-famille pendant presque un an, le temps que mes papiers soient prêts. Puis je l’ai suivi aux Etats-Unis où nous vivons actuellement. Nous n’avons certes pas fait de lune de miel. Mais l’essentiel était ailleurs pour nous : nous retrouver.
Souvent, chez nous, la dot correspond à des fiançailles car c’est la première connexion entre les deux familles, l’union de deux êtres avec leurs deux clans. Mais le mariage civil et à l’église importe aussi pour le côté spirituel et administratif. Nous avons fait un mariage tout simple, je ne voulais pas qu’on s’endette pour cela. Ce qui m’importait c’était la vie que nous allions vivre après et je la voulais qualitative !
Contrairement à d’autres couples qui dépensent énormément pour se marier, nous avons veillé aux dépenses car je ne voulais pas que l’argent soit un problème entre nous un jour. C’est un point très marquant dans ma relation avec mon mari, qui est du reste plus équilibré grâce aux actes posés. Comme j’entends dire parfois certains hommes avec mépris et méchanceté, il ne peut jamais dire que « je lui ai couté cher » en termes de dot ou d’exigences liées au mariage. Il sait qu’en tant que femme, je veille sur notre avenir et il me respecte énormément pour cela. »