A Lomé, nombreux sont les panneaux publicitaires qui vantent des crèmes et pommades qui éclaircissent la peau, bien que la pratique (encore parfois appelée « décapage ») soit dangereuse : arrêtons cela ! Cette méthode qui consiste à s’éclaircir la peau est très dévastatrice pour la santé (bien qu’un juteux commerce pour les marques qui écoulent en masse savons, crèmes et gels et en ont fait un business sur le dos de la santé des jeunes personnes vulnérables et crédules). Les effets néfastes vont de la simple irritation au diabète en passant par l’insuffisance rénale, voire au cancer, comme le rappelle régulièrement l’Organisation Mondiale de la Santé.
La faute au colorisme! Sa définition est simple : préjugés ou traitement de faveur auxquels sont confrontées les personnes d’une même race basée uniquement sur leur couleur de peau. Donc une différenciation de traitement en fonction de votre teinte de peau. En gros, plus vous êtes clair(e)s de peau (lightskin) et plus vous êtes beaux et belles, (et donc serez avantagés dans la société) et plus vous êtes noir(e)s (darkskin) et plus vous êtes moches. À la différence du racisme, même s’il en est issu, le colorisme est une discrimination interne à une communauté. C’est juste abbérant de penser ainsi, alors nous devons changer les mentalités. La teinte de la couleur de la peau ne saurait être un critère de beauté! Et pourtant… lorsqu’on interroge nos jeunes soeurs, elles finissent par nous dire que les hommes (et par leur biais, la société dans sa globalité) préfèrent les femmes claires. Really?? Et quand bien même…
Le colorisme est issu de l’esclavage. Du temps de la traite négrière, les noirs à la peau la plus foncée étaient forcés de travailler dans les conditions les plus difficiles (dans les champs de canne et de coton, par exemple), tandis que les personnes au teint clair étaient autorisées à effectuer des tâches moins pénibles dans la maison des esclavagistes. Ailleurs sur le globe comme aux Antilles, le colorisme a la vie dure. J’ai posé la question à une personne qui m’a fournie un témoignage édifiant à ce sujet (à lire demain, dans DIASPO!) Autant de faits historiques à l’origine du colorisme, un terme popularisé par la militante afro-américaine Alice Walker à partir des années 1980.
Le psychiatre et écrivain Frantz Fanon s’est penché le premier sur le phénomène, dans son ouvrage Peau noire, masques blancs, publié en 1952. Pour l’intellectuel martiniquais, les peuples colonisés ont fini « par intégrer [les] discours de stigmatisations, le sentiment d’être inférieur, par mépriser [leur] culture, langue et peuple », et j’ai envie d’ajouter ici les caractéristiques de leur beauté, souhaitant du coup « ressembler au colonisateur » – c’est-à-dire aux Blancs. Triste! En envahissant les pays d’Afrique et d’Asie, les Européens ont en plus importé leurs canons de beauté : teint pâle, lèvres et nez très fins, yeux clairs… comme pour le Coca. On importe, nous consommons. Sans prendre le temps du recul nécessaire. Il serait temps de nous réapproprier qui nous sommes. Et d’en être fiers…
Sources :
https://audeaunaturel.com/le-colorisme-rabaisser-peau-foncee/