Pour moi, cette femme forte est un modèle du genre. Parce que son courage et sa détermination sont admirables et me donne chaque fois la chair de poule. Au-delà de tout, intimidations, mensonges, déboires, calomnies, elle se bat et se débat, encore et toujours, pour qu’enfin, un jour, justice soit rendue à son frère Adama Traoré. Un jeune homme noir, qui aurait pu être mon frère, le tien, un ami, une connaissance, bref, mort étouffé suite à son interpellation par la police de Beaumont-sur-Oise (France), en 2016.
Je partage cet extrait, car même dans l’euphorie post-coupe du monde 2018, où on est soudainement tous devenus frères et soeurs, il est important de ne jamais oublier… ce que nous devons réclamer: la JUSTICE et celle-ci pour TOUS LES CITOYENS! Lisez cet extrait.
« L’hôpital se trouvait pourtant à quelques centaines de mètres. Ils ont préféré t’emmener à la gendarmerie. Dans la voiture, tu t’es uriné dessus, tu as piqué du nez, ils t’ont vu. Ils t’ont sorti, traîné sur le bitume brûlant de la cour. Où tu rendais tes derniers souffles, menotté. Comme un chien. Les secours sont arrivés, tu n’avais plus de pouls, plus de respiration.
Adama Traoré, tu avais toute la vie devant toi. Après eux, il n’en restait plus rien. Nous t’avons cherché des heures, courant d’hôpital en hôpital. Nous t’avons cru sain et sauf. Nous t’avions apporté de quoi manger. Les gendarmes ont pris les sandwichs, tu étais déjà mort. Nous n’avons appris la nouvelle de ton décès qu’en mettant le pied dans la porte de la gendarmerie. Qu’en aurait-il été si nous n’avions pas insisté ? Où t’aurions-nous retrouvé ? Nous n’avions pas encore eu le droit de voir ta dépouille que déjà les autorités annonçaient que tu étais décédé à cause d’une infection généralisée, qu’elles affirmaient que tu te droguais, buvais, que tu étais un délinquant. Nous avons fait l’expérience de ce réflexe systématique qui consiste, quand les forces de l’ordre sont impliquées, à faire des victimes des criminels. À la violence de ta mort s’ajoutait le mépris d’une justice qui ne mérite pas son nom, s’arrogeant le droit de nous mentir, publiquement et sans scrupule. Comme si nous n’étions rien dans ce pays qui affiche au fronton de ses mairies « Liberté, Égalité, Fraternité ». Quel État peut prétendre à la démocratie quand il réserve ces valeurs à certains tandis qu’il en prive les autres ? »
« La justice s’acharne sur notre famille. Nous ne nous tairons pas. » Force à la sista Assa !