« Le Rock a toujours été en moi »
Rock Ahavi du groupe Arka’n est né rockeur. Fils ainé de ses 8 frères et sœurs, et fan de Jimmy Hendrix, cet artiste n’avait pourtant rien pour s’intéresser au rock. Et pourtant. Quand on l’interroge sur son prénom ou sur les circonstances qui l’ont amené à cette musique-là, le togolais de 37 ans répond simplement que c’est le Rock qui l’a choisi. Comme une évidence. Ou un choc heureux. Puissant, comme la musique qu’il joue. Inlassablement ! Parce que Rock est bel et bien en vie. Et depuis que cet artiste humble et profond tourne avec son groupe formé de quatre autres gaillards, le propriétaire de B.H.O (alias le Monstre) et de Panthère noire – ses deux guitares électriques chéries – est aujourd’hui à l’aise pour se dévoiler au public. A quelques heures de leur grand concert de ce vendredi 23 mars 2018, sur la scène de l’Institut Français du Togo (IFT) à Lomé, je me suis prêté au jeu des questions-réponses avec cette âme vive. Lisez plutôt !
Le groupe Arka’n nait début 2016. Raconte-moi comment cela a eu lieu ?
J’étais d’abord seul avec mes guitares mais en 2013 je me suis associé à des potes musiciens, nous étions 5 à cheminer ensemble. Nous sommes allés au Festival « Rock à Ouaga » mais de retour du Burkina-Faso, nous nous sommes séparés. Les difficultés de la vie ont eu raison de nous. J’ai continué à écrire, composer et jouer seul durant un an. Puis, j’ai de nouveau rencontré d’autres musicos en janvier 2016, avec qui ont est rapidement devenus amis. Avec eux, nous partagions une vision commune : le devoir de valorisation de notre africanité et de notre spiritualité. Comme moi, mes gars-là croient en Dieu et savent faire la différence entre la religion et la spiritualité. Ils respectent aussi nos valeurs et nos traditions africaines. Un exemple tout simple, c’est important pour eux comme pour moi de respecter nos ainés même si cela se perd aujourd’hui.
Depuis lors, Francis Amevo (à la basse), Richard Cico (à la batterie), Mass Aholou (aux percussions africaines), Enrico Ahavi (au rap et au clavier) et Rock Ahavi (guitare et voix lead) sont inséparables. Encore peu connu du public togolais, ils emergent peu à peu sur les scènes du Mix Bar, de l’hotel Eda Oba ou de la Case des Daltons de Lomé, ainsi qu’à Kpalimé, Accra et Cotonou. Avec son groupe, Rock remonte sur scène de « Rock à Ouaga », en 2017. Là, le public ouest-africain découvre avec bonheur et enthousiasme un nouveau bijou musical inspiré et impliqué, prônant les valeurs africaines.
Vos textes sont assez prenants, avec des messages que vous véhiculez; parle nous de vos deux chansons phares Les peuples de l’ombre et Got to break it?
Il y a Les peuples de l’ombre. C’est un peu politique (sourire). Il dépeint un peuple opprimé car au fond, nous croyons foncièrement que chaque membre du peuple a en lui comme une entité invisible qui émet des ondes, des pensées, la colère et qu’ensemble ce peuple est très fort. Toute cette énergie devient une grosse entité négative et puissante et après l’étincelle qui vient forcément, il y a explosion. C’est alors qu’est balayé l’oppresseur ou tout ennemi du peuple. Nous avons aussi la chanson Got to break it, qui évoque le destin qui dirige la vie des hommes et du peuple en général. Pour Arka’n le destin est déjà écrit pas des entités bien plus haut placés, et nous avons tous le pouvoir de quitter notre corps physique pour aller vers des entités élevés et écrire notre destin. Nos chansons sont très baignées de spiritualité (nouveau sourire). Nous parlons beaucoup du retour à la source africaine, l’africain s’est coupé de ses racines, de nous-mêmes surtout la jeunesse africaine qui se pert et fait un peu n’importe quoi, elle s’égard, elle a oublié les valeurs ancestrales qui fait que certaines choses sont sacrées. Notre musique souhaite toucher leurs cœurs, leurs esprits pour les inciter à ce retour à la source.
Peux-tu nous dire pourquoi tu aimes le rock ? Qu’est ce qui te plait dans cette musique que le public togolais découvre ou redécouvre ?
J’adore le fait que tous les instruments soient poussés à l’extrême, qu’ils donnent leur maximum, pour pouvoir mieux exprimer ce que l’on ressent, pour moi y’a pas mieux que le rock ! En plus, les émotions sont poussées également à l’extrême ; le rock n’est pas une musique qui vient de l’Europe comme on le pense souvent mais de l’Afrique, complètement ! Je m’explique, le rock est formé de beaucoup d’influences ms surtout du blues, qui lui-même est venu du champ des esclaves des Etats-Unis. Or, les esclaves ont juste repris ce qu’il chantait chez eux en Afrique avant d’être déportés. Pour la petite anecdote, un jour nous étions à Kpalimé, et une maman balayait la cour de sa maison et chantant et c’était une mélodie de blues cent pour cent ; tout vient d’ici même le rockabili ou le rock’n roll.
Le rock d’Arka’n c’est comme un baobab, les racines c’est les tam tam, les chants, le tronc c’est le blues, et les branches et feuilles c’est le rock : sa forme une unité. En Europe on joue les feuilles, en Afrique, les racines, leur groupe joue cet ensemble. Il marie le tout, le reggae, le rap, cela étonne encore mais pour eux c’est très naturel et évident, c’est une fusion et non un mélange qui forme ensuite une entité unique.
24h avec … Rock du groupe Arka’n
(quelques heures avant leur concert à l’IFT)
Jeudi : J – 1
06h : Rock vérifie les instruments à la maison, dans son studio qui jouxte son habitation
08h : Il gratte sur sa guitare et répète ses chansons
08h30 : Interview pour notre blog!
14h30 : Départ pour l’Institut Francais du Togo (IFT) – Lomé
15h : Balance à l’Institut, il retrouve les membres de son groupe (Francis Amevo à la basse, Richard Cico à la batterie, Mass Aholou aux percussions africaines, Enrico Ahavi au rap et au clavier).
20h – 02h du mat’ : Balance avec les artistes invités (surprises!)
Vendredi : jour J
Matinée : Un petit repos bien mérité pour les membres du groupe Arka’n, après une nuit blanche à l’IFT
12h : Bouf avec les membres du groupe, histoire de prendre des forces (et de bien rigoler) 😉 puis de parler des derniers détails du show de ce soir, de la décoration…
18h : Dernières vérifications au niveau de la balance et des instruments du concert de ce soir
20h : Début du concert à l’Institut Français du Togo.
Force!