Ma fille tu es l’exemple même de l’intersectionnalité. Ce gros mot que bien peu connaissent. J’ai décidé que je te l’apprendrais, le moment venu, car posséder le verbe est partout une délivrance.
Ce matin je te regardais. Je voyais le monde de demain, le flot de lumière irradier de toi, de ta génération, la promesse d’enfant.e.s parlant toutes les langues du monde, et capables d’en saisir les richesses.
Puis j’ai pensé aux meutes d’expert.e.s qui trépignent à nos portes. Ceux qui savent, qui objectent, qui résistent à la révolution humaniste depuis la nuit des temps. Celles qui renforcent par le statu quo les relations de pouvoir qui font notre monde boiteux.
Celles et ceux qui sacrifient la dignité des un.e.s, pour asseoir la légitimité des autres.
J’ai pensé, comme souvent depuis ta naissance, que notre premier devoir de mères est de t’armer. Tu affronteras cette vie et en feras un édifice de beauté, de sens, seulement si nous savons te transmettre assez d’outils pour faire de tes multiples visages, celui d’une femme libre, et debout.
Car au-delà de l’amour, de notre désir de parentalité, tu es l’exemple même de l’intersectionnalité. Ce gros mot que bien peu connaissent. Ce matin, j’ai décidé que je te l’apprendrais, le moment venu, car posséder le verbe est partout une délivrance.
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